Les salariés boomerang
Pas une direction des ressources humaines qui ne soit actuellement confrontée à la « Grande démission » ou à la « démission silencieuse ». Face à des talents difficiles à recruter et à des salariés en poste moins mobilisés qu’auparavant, les spécialistes RH redoublent d’ingéniosité. Une partie de la solution pourrait venir des salariés « boomerang », c’est-à-dire de ceux qui – après avoir choisi de quitter l’entreprise – aimeraient y retourner. Explications par les experts d’ID Search, spécialistes des solutions de recrutement et de gestion de ressources humaines.
Venu des États-Unis, la grande démission n’a pas épargné les entreprises françaises. Selon les chiffres de la Dares, 510 000 démissions ont été enregistrées en France au premier trimestre 2022, soit un niveau supérieur au pic enregistré lors de la crise financière de 2008. Dans un monde post-crise sanitaire, les salariés aspirent à davantage de liberté et de sens dans leur quotidien. Premiers concernés par la « grande démission », les cadres qui, pour certains décident de tenter l’aventure entrepreneuriale. En France, l’année 2021 a été particulièrement dynamique pour la création d’entreprises, avec près d’un million d’entreprises créées au cours de l’année, dont 650 000 autoentreprises. D’autres profitent des tensions sur le marché de l’emploi pour rejoindre une autre organisation qu’ils espèrent davantage en phase avec leurs valeurs.
Espoirs déçus
Reste que quelques mois après le départ de l’entreprise, le bilan est très mitigé. Une étude livrée par UKG, spécialiste de solutions de digitalisation RH, révèle que, dans le monde, quatre personnes sur dix qui ont quitté leur emploi pendant la pandémie regrettent aujourd’hui leur ancienne situation. À 41 %, ils estiment avoir pris leur décision trop vite, tandis qu’un employé sur quatre reconnait ne jamais avoir exprimé ses griefs ou sa volonté de partir auprès de son manager avant de présenter sa démission. Un manque de dialogue donc qui, in fine, coûte cher, tant du côté de l’employé que de l’employeur. Pour éviter des départs regrettés, la rétention et la fidélisation des talents est un élément clé qui se joue dès l’onboarding.
65 % des démissionnaires français envisagent un retour
Le phénomène est loin d’être anecdotique. L’étude menée par UKG révèle ainsi que près d’un démissionnaire sur cinq dans le monde a déjà réintégré le poste qu’il avait quitté durant la pandémie. Lorsqu’on les interroge sur leur ancienne entreprise et leurs anciennes fonctions, 41 % des sondés affirment qu’ils envisageraient de revenir si l’opportunité se présentait. Un pourcentage qui atteint 65 % chez les démissionnaires au sein de l’Hexagone. Si les démissionnaires français sont les plus enclins au regret, rares sont ceux à franchir le pas. Ainsi, moins d’un quart des démissionnaires regrettant leur départ affirment s’être rapprochés de leurs anciens managers. L’étude souligne par ailleurs l’importance de la relation du salarié boomerang avec son manager direct : un salarié qui s’est senti à l’aise pour faire part de sa démission à son manager sera davantage enclin à le recontacter par la suite.
Salariés Boomerang : les avantages d’un retour
Pour les entreprises qui réintègrent des salariés à la suite d’une démission, les avantages sont nombreux. Le démissionnaire connait l’entreprise, sa culture et est très précisément au fait de la fiche de poste. Pas de mauvaise surprise donc, de ce côté. Par ailleurs, l’image renvoyée à l’interne est importante donnant à voir qu’il est possible de changer d’avis. Enfin, un salarié qui réintègre son ancienne équipe après une expérience plus ou moins décevante, fera preuve de reconnaissance de motivation. À la condition, toutefois, que les deux parties puissent jouer carte sur table et aborder les sujets qui fâchent dès la réintégration afin de partir sur des bases saines. Ce retour peut d’ailleurs aller de pair avec un changement de poste ou une promotion, plus en adéquations avec les aspirations actuelles du salarié et les besoins de l’entreprise.
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